Le chant de la terre innue

Il y a des livres qui captent mon coeur dès les premières pages.  Il y a aussi des livres dont le titre, la couverture ou l’endos pique ma curiosité ou chuchotent à mon âme.
« Le chant de la terre innue » de Jean Bédard fait partie de ces derniers.  Quand je l’ai aperçu à la bibliothèque municipale, je savais que j’avais à le lire.  Son titre parlait à mon coeur, sa couverture était douce à mes yeux, son format attirait mes mains et le résumé à l’endos parlait autant à mon rationnel qu’à la louve en moi, leur chuchotant que ce livre s’offrait à moi et qu’il me nourrirait.

le chant de la terre innue

J’aime qu’un livre s’infiltre en moi et vienne nourrir des parties de moi qui se font parfois négliger par le brouhaha du quotidien de ma vie citadine.  J’aime un livre qui sent la terre et la grande force de la nature.  J’aime qu’on y sente l’humaine et l’humain dans leur faiblesse et leur force.  Dans leur lien avec l’invisible aussi.  J’aime aussi un livre qui nourrit l’héritage amérindien qui coule dans mes veines et qui fait le pont en moi entre humain, animaux et nature.

J’ai eu l’impression que « Le chant de la terre innue » répondait à un grand besoin de mon être et j’ai choisi de le lire, de la même façon qu’on s’offre une douceur.  Les 45 premières pages se sont laissées lire, quelques unes à la fois, sans que je ressente en moi un grand appétit se développer pour ce livre.  Je me demandais même si j’allais en continuer la lecture.

Et là, au tournant de la page 45, une phrase a puissamment pénétré en moi et à réveiller celle-qui-lirait-ce-livre.

« (…) du dedans de son coeur montait jusque dans ses yeux
cet étrange liquide qui n’appartient qu’aux femmes et
qui leur permet de dissoudre d’un seul regard
l’orgueil des montagnes. »

À ce moment, j’ai senti la louve en moi me chuchoter que cette lecture était pour moi plus importante que je ne l’avais cru et qu’elle méritait des temps de lecture où absolument rien de viendrait me déranger.  J’ai donc choisi des moments différents pour lire.  Des moments volés ici et là lorsque les enfants sont occupés et que le silence règne. J’ai lu et j’ai lu, sentant d’une page à l’autre que ce livre se frayait une belle place en moi.  Je le lisais en savourant sa poésie et en m’attachant aux personnages, particulièrement à Shashauan, jeune Innue au centre de ce conte.  Je le lisais en comprenant un peu plus l’appel que j’avais ressenti en le trouvant.

Et me voilà à la page 199.  Réalisant que je suis rendue à la troisième et dernière partie de ce livre, l’envie me prend de ralentir ma cadence de lecture et d’en savourer encore davantage les mots afin de goûter à ce plaisir le plus longtemps possible.  Moins de 70 pages me distancent de la fin de cette aventure…

Mais son appel et si fort…
Vais-je réussir à étirer ces 70 pages encore très longtemps?

le chant de la terre innue 2

PS:  J’ai volontairement choisi d’utiliser les termes couverture et endos pour parler du devant et du derrière du livre simplement parce que je trouvais que d’utiliser les vrais termes (la première de couverture et la quatrième de couverture) surchargeait le texte. 

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