Il y a quelques semaines un conte s’est doucement infiltré dans mon imaginaire et demandait à être partagé. Tout d’abord publié dans l’infolettre, depuis le début de la semaine je le sens s’installer ici sur le blogue.
Cette image qui m’habitait est celle d’un bateau enveloppé dans un grand banc de brouillard presque palpable. Un brouillard si dense que le capitaine comprend rapidement que de continuer de naviguer serait mener bateau et équipage à leur perte. Il ordonna donc d’affaler les voiles et de mouiller l’ancre.
-« Nous attendrons que ce brouillard se dissipe! » cria-t-il à son équipage.
Les marins un peu inquiets savaient au fond d’eux que leur capitaine avait raison et qu’ils pouvaient lui faire totalement confiance. Mais ce grand brouillard ne semblait pas vouloir se disperser. Magie? Mauvais sort? Esprits? Ils ne savaient plus quoi penser.
Sentant l’inquiétude parcourir son équipage et voulant s’assurer que son vaisseau et ses hommes seraient prêts à lever l’ancre lorsque le brouillard s’évanouirait, le Capitaine leur attribua diverses tâches, les gardant ainsi occupés et plus calmes. Les marins s’exécutèrent. Réparer les cordages, inspecter les voiles, repriser leurs chaussettes, faire l’inventaire des vivres, tout y passa.
Le temps s’écoulait doucement dans ce brouillard mystérieux et enveloppant où un silence profond planait. De nombreux matins se levèrent et de nombreuses nuits se déposèrent et toujours ce brouillard omniprésent, ramenant l’équipage à s’occuper du vaisseau, à ralentir et à patienter.
Au bout de plusieurs semaines, alors que le capitaine commençait à penser, sans oser le nommer à haute voix, que ce brouillard était peut-être leur nouvelle réalité, l’impensable se produisit et un rayon de lumière vint se déposer sur sa poitrine, faisant scintiller quelques instants les boutons de sa veste.
Avait-il rêvé? Était-il en proie à des hallucinations?
En regardant autour de lui, il vit le regard étonné des quelques marins qui étaient à ses côtés et qui retenaient leur souffle. Il su immédiatement qu’ils avaient eux aussi aperçu ce bref rayon de lumière.
Aucun d’entre eux n’osait bouger ni faire le moindre bruit, craignant de rompre le charme.
Puis ils entendirent le cri d’un oiseau de mer! Ce cri, si doux à leurs oreilles, venait percer le silence dans lequel le brouillard les avait enveloppés jusqu’à cet instant. Leurs coeurs se gonflèrent d’espoir. Serait-ce un signe annonçant la fin de ce brouillard mystérieux?
Les hommes se réunirent sur le pont du navire, les sens aux aguets, l’espoir au coeur et les yeux scrutant le brouillard à la recherche d’une brèche, si petite soit-elle.
Un jeune matelot grimpa jusqu’au nid-de-pie qui n’avait guère servi ces dernières semaines, disparaissant peu à peu dans le brouillard qui cachait même le haut du grand mat.
Soudain les marins l’entendirent crier « Capitaine! Capitaine! La lumière, les couleurs, la mer, le soleil!!! » alors qu’il redescendait à toute allure, pressé de partager à l’équipage ce qu’il venait d’apercevoir!
-« Parle mon garçon!« , dit le Capitaine. « Qu’as-tu vu?«
Et comme le petit matelot ouvrait la bouche pour répondre, le brouillard se dissipa aussi vite qu’il était apparu et ils virent.
Ils virent la mer scintiller, les nuages paisibles, les oiseaux danser dans les courants aériens et ils sentirent les chauds rayons de soleil caresser enfin leur peau. Ils laissèrent leurs sens se rassasier puis la voix du Capitaine lança: « Équipage, êtes-vous prêts à lever l’ancre et à hisser les voiles? Êtes-vous prêts à aller de l’avant?«
Un grand OUI! collectif monta et en peu de temps le navire fut prêt à aller de l’avant, son équipage frais et dispo, son équipement propre, astiqué et en parfait état.
Le vent gonfla les voiles et ils partirent à la découverte de ce nouveau monde qui s’offrait à eux.
Fin.
Quand j’observe ce début 2021, quand je porte attention à comment je me sens et à ce qui m’entoure, c’est immanquablement cette image qui me revient. Ce bateau et son brouillard, cet équipage qui n’a d’autre choix que de s’occuper du ici et maintenant puisque le reste est hors de portée. Parfois un petit rayon de lumière vient danser sous nos yeux, juste assez longtemps pour nous rappeler qu’éventuellement le brouillard se lèvera et qu’il y aura un lendemain.
Cette Brume que je sens nous envelopper depuis plusieurs semaines se lèvera bientôt. Pas tout de suite mais bientôt. Cette Brume puissante et dense, cette Brume médecine qui connait le rôle important qu’elle a à jouer pour nous, pour l’humanité et pour la suite des choses, se prépare à doucement à se dissiper.
Que nous réservera la suite?
Nul ne le sait.
Nous ne pouvons que spéculer, tout en se préparant à tous les possibles.
Et même à des possibles que notre humanitude peine à imaginer!
Mais comment se préparer à des possibles qui dépassent les repères de notre humanitude?
En prenant soin de nous, de notre équipage et de notre vaisseau.
En simplifiant nos vies, notre quotidien.
En s’offrant des moments fréquents pour respirer, marcher, se reposer, dormir, sourire, aimer, remercier, apprécier, pour renouer avec notre Essence.
En redécouvrant ce qui fait rayonner notre coeur d’enfant.
En acceptant de ne pas savoir ce qui s’en vient.
L’hiver tire à sa fin, belle âme. Préparons-nous à accueillir la suite et à cocréer d’une façon exponentielle et puissante.
D’ici-là, acceptons les jours de Brume et le ralentissement qu’elle nous impose.
Nous sommes au Nord-Est de cette nouvelle étape de l’humanité.
Dans la Roue Totémique, le Nord-Est représente la conception et la gestation. L’élément qui y règne est…. la Brume.
Nous accoucherons et naîtrons en temps et lieu.
D’ici là, mettons de l’ordre dans ce qui nous entoure, faisons du ménage et prenons des forces.
Nous naviguons toutes sur cet océan . Pas toutes dans le même navire ni sous les mêmes cieux, mais toutes et tous sur le même océan!
Uniques et unies, consciemment ou non.